19/12/2007

La maladie de sachs, de Martin Winckler

Bruno Sachs est médecin à Play depuis quelques années déjà. Dans son bureau on voit passer les vieux, les vieilles, les femmes angoissées et leurs enfants, les papas et maris inquiets. Ceux qui souffrent physiquement, ceux qui ont mal à l'âme, ceux qui n'en peuvent plus, ceux qui veulent y croire, ceux qui le font croire...mais qu'en est-il du médecin? Après avoir lu ce livre on n'est plus le même patient, c'est bouleversant et édifiant, on rit souvent de la mesquinerie et de la méchanceté des gens et des médecins aussi...on apprend beaucoup sur les hommes et leurs souffrances, et sur les moyens et surtout la manière de les soulager.

Petits extraits:
"Qu’est ce qui ne va pas ?

J‘ai mal au ventre.
Je perds mes cheveux.
J’ai une verrue.
Je vois plus d’un œil.
J’ai la tête qui tourne, ça serait pas la tension ?
J’ai mal au dos.
J’ai toujours soif.
J’ai mal au pied.
Ca me gêne de vous le dire mais j’au une douleur mal placée.
Je peux plus bouger.
Je saigne.
Je n’en peux plus.
J’ai un truc là, dans la bouche.Ca me fait peur.


Pourquoi venez-vous me voir ?
Parce que je ne sais plus quoi faire.
Parce que ça fait trop longtemps que ça dure.
Parce que ça ne peut plus durer.
Parce que je n’ai pas trop le choix, si ça ne dépendait que de moi, vous savez, les médecins, moins j’en vois, mieux je me porte.
Parce que ma mère/mon père/mon patron/ma patronne/mon mari/ma femme/mon fils/ma fille/mes petits enfants/mes voisins/tout le monde m’a dit de venir, mais franchement, moi je sais que je n’ai pas besoin de médecin, c’est pas parce que je suis fatiguée que je vais mal, et puis, il faut bien mourir de quelque chose.
Parce que j’ai un rappel de vaccin à faire. Ca va faire mal ?
Parce que j’ai encore besoin de quelques séances de massages, ça m’a fait du bien et le kiné m’a dit que je pouvais vous en redemander, c’est vrai que j’ai moins mal, même mon mari me trouve plus détendue.
Parce que je suis pas retourné à la caserne hier, j’ai appelé pour dire que j’étais malade mais en fait je vais bien et j’ai besoin d’un papier.
Parce que j’ai peur que mon mari ait quelque chose de grave et qu’il n’ait pas voulu me le dire, alors j’ai décidé de vous le demander à vous mais bien sûr je lui dirai pas que je suis venue vous voir, vous pouvez me faire confiance !
Parce que j’ai grossi.
Parce que j’ai maigri.
Parce que je ne dors plus.
Parce que je dors sans arrêt.
Parce que je supporte plus mes gosses.
Parce que mon père m’a frappée.
Parce que je pleure tout le temps.
Parce que j’ai des mauvaises idées.
Parce que je n’ai plus d’éther à la maison.
Parce qu’avec ma femme/mon mari/ma fille/mon fils/ma mère/mon père/ms frères et sœurs ça ne va plus du tout, surtout depuis la succession de ma grand-mère.
Parce que j’en ai marre de me crever le cul pour rien.
Parce que je n’ai que trente ans mais j’ai déjà mal partout.
Parce que j’ai déjà quarante ans et je commence à m’inquiéter.
Parce que j’ai passé la cinquantaine et il serait temps.
Parce que j’ai presque soixante ans et je voudrais que ça continue.
Parce que j’ai soixante-dix ans passés et mon fils se fait du souci.
Parce que j’ai bientôt quatre-vingt ans et je veux mourir chez moi.
Parce que j’ai quatre-vingt dix ans et vous savez, j’en ai marre de vivre.
Qu’avez-vous ? Eh bien, je ne sais pas, c’est à vous de me le dire ! Moi, je ne suis pas médecin."
_____________________________________________________________________
« Je ne veux plus le voir : la dernière fois, il a refusé de me prescrire mon médicament contre le cholestérol. Il dit que ça ne sert à rien et que c’est dangereux. Mais enfin, si les médicaments faisaient plus de mal que de bien, les docteurs n’en prescriraient pas ! Il dit que le cholestérol c’est moins grave que mon asthme et les cigarettes. Mais moi, je ne lui demande pas d’arrêter de fumer, je lui demande de soigner mon cholestérol. L’autre jour, il a dit : Moi je ne soigne pas le cholestérol, je soigne les gens, à votre âge vous avez tout le temps de mourir d’autre chose que du cholestérol. J’ai dit : Bon, si c’est tout ce que vous me souhaitez, et je suis parti. Non mais ! Pour qui il se prend ? Je sais quand même mieux que lui de quoi j’ai besoin. C’est qui le malade ? »
Ce roman a été adapté avec talent au cinéma par Michel Deville, avec Albert Dupontel dans le rôle du médecin. Je vous le conseille fortement!

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